Histoire | Sidney Gilchrist Thomas

Archives Arbed, Dudelange, l'usine centenaire; Lëtzebuerg, Arbed s.a., 1982


Né le 16 avril 1850 à Canonbury près de Londres, Sidney Thomas se voit obligé, après la mort précoce de son père en 1867, d'abandonner son projet de devenir médecin. Après avoir été instituteur pendant une courte période, il accepte un poste de junior clerk auprès d'un tribunal de police londonien, tout en se consacrant avec intensité à des études de chimie. En 1870 déjà il s'occupe du problème de la déphosphorisation de la fonte dans un convertisseur Bessemer. Ensemble avec son cousin Percy J. Gilchrist, un chimiste industriel, il procède à des essais allant dans cette direction. De cette fructueuse collaboration naît le procédé Thomas-Gilchrist qui gagnera une importance historique dans le monde sidérurgique. Ce procédé a le grand avantage d'éliminer le phosphore tout en donnant comme sous-produit une scorie constituant un engrais chimique de premier ordre (Thomasmehl).

Les essais en laboratoire de Thomas sont confirmés par une démonstration dans un convertisseur de 1500kg, qui a lieu à Middlesbrough le 4 avril 1879. Il s'en suit une ruée des sidérurgistes du continent vers Londres en vue de l'acquisition d'une licence d'exploitation du nouveau brevet.

Norbert Metz, gérant de l’usine d’Eich et par après cofondateur de l’usine de Dudelange, d’avoir dépêché sur-le-champ à Londres son fils Émile et Jean Meyer, chef du laboratoire d’Eich et futur directeur de Dudelange, pour obtenir une licence du brevet.

Le 20 avril 1879, la société Metz&Cie décroche la licence désirée, alors que le 26 avril des sidérurgistes allemands reçoivent également une licence valable pour l’Allemagne et le Luxembourg, à l’exception toutefois de l’usine d’Eich.

La première charge d'acier Thomas luxembourgeoise est soufflée à Dudelange le jeudi 15 avril 1886.

Sidney G. Thomas meurt à Paris le 1er février 1885 à l'âge de 34 ans et est enterré au cimetière de Passy. Thomas lui-même ne profite que peu des fruits de son travail. Toujours est-il que fin 1891 ses ayants-droits, c'est-à-dire sa soeur et son cousin, ont touché déjà des redevances au montant de 480 244 Mark de la part de la sidérurgie luxembourgeoise.

(CONRARDY, Jean-Pierre: Dudelange - passé et présent d'une ville industrielle. Tome II: L'usine sidérurgique - Le renouveau industriel et urbain. Luxembourg: Editpress, 1991, Pages 18-19)